Edson (Castro)

Rentrer dans l'appartement d'Edson, c'est déjà rentrer dans son univers -et pour cause, c'est aussi son atelier. La lumière provient à la fois des lampes qui éclairent ses œuvres sur les murs et d'un luminaire à la lumière froide qui provient de la cuisine, au fond de la grande pièce centrale.J'avais depuis très longtemps (au moins trois ans et depuis la performance que j'avais eu la chance de photographier) envie de rencontrer Edson dans son atelier. Au départ, je comptais simplement faire son portrait, aussi j'avais pris tout le nécessaire -flashs, pieds, coupe-jus (sans assistant c'est plus drôle, je suis arrivé chez lui en sueur et brisé de fatigue), mais une fois en tenue, Edson m'a proposé de faire une toile et moi de shooter pendant ce temps-là. Immense honneur.Bon, mes prévisions étant largement chamboulées je place les flashs de façon stratégique et utilise les lampes pilotes pour mieux éclairer la scène. Pendant ce temps-là mon ami rage de ne pas trouver la bonne musique qui lui permettra de bien travailler.Et puis ça démarre -j'ai d'abord du mal à me concentrer, captivé que je suis par la ferveur du peintre ; je maudit la musique qui me prive du rythme de son souffle, parfois rapide, parfois retenus pendant des dizaines de secondes, jusqu'à ce que le trait soit achevé ou la couleur bien repartie. La main est sure, mais le geste est fébrile, furieux, dansant, les couleurs volent en éclats et le motif disparaît.Et moi, j'essaie de me concentrer. Je cherche les cadres, je sens que je suis "à coté", je sens déjà que la post-prod va être horrible.Il faut plus d'une heure à Edson pour finalement mettre le dernier trait au dessin, je l’arrête et le fait poser. Le puissant brésilien si sur et si énergique devant sa toile devient si timide devant l'appareil.Je déteste la post-prod de ce shooting, je veux les couleurs de la peinture, mais elles débordent du papier ; n'étant pas un grand fan des retouches détaillées et en longueur, par zone des couleurs, je vois ça et là dans la photo apparaître trop saturées milles couleurs, les couleurs d'Edson : DEUX MOIS passés à regarder, re-regarder les photo et tatonner pour les couleurs.Je sais pas encore si je suis satisfait, mais j'ai beaucoup aimé ce shooting. Il est fort probable que les photo changent, comme le texte ;-)Obrigado Edson.